18 x 24

RICHARD TUTTLE

GALERIE GRETA MEERT, RUE DU CANAL 13
BRUSSELS, SEPTEMBER 7 - OCTOBER 21, 2023


English text







Sur le mur du vestibule 
Richard Tuttle a écrit son nom 
et le titre de l’expo 
au crayon 

Une grille tracée, non effacée
pour que les lettres soient droites
centrées et de taille égale
RICHARD est solidement posé sur TUTTLE 
(rester au plus près de son prénom ?) 







Pas de trait unique 
mais une multitude de traits légers 
qui donnent une consistance végétale 
aux lettres ornées de petits coup de pinceau
comme des pétales

22 travaux en polystyrène
sont accrochés à intervalle régulier
le long des murs

Ils portent tous le titre 18 x 24 (III) 
et sont numérotés de 1 à 22
18 x 24 se réfère aux proportions du papier 
sur lequel Tuttle dessine et écrit 
et qui donne ensuite naissance aux travaux 
que la galerie qualifie de sculptures

L’arrière du polystyrène 
est recouvert de de ce papier
Certains sont discrets
d'autres plus apparents 
avec des traces de crayon

Les travaux, au gré des murs, forment 
un quintette, quatre trio, deux duo et un solo
Certains regroupements se tiennent 
comme les trois formes monochromes 
près de l'entrée 
ou des formes qui semblent se faire face
mais chacune des œuvres s’impose, seule

Le polystyrène est découpé de différentes façons 
pourtour, incision, effet collage
juxtaposition de formes
Les travaux sont de tailles similaires 
et forment un tout régulier

La découpe du polystyrène interroge sur le trait 
le tracé est clair mais le résultat incertain
Les bulles de plastique s’effilochent et rappellent 
la structure en atomes de toutes choses
Le trait parfait est illusion

Les peintures
où le blanc du polystyrène domine
sont abstraites et colorées 
à l’exception notable d’une corde marron
élancée à l'horizontale avec un nœud de pendu

Le nœud est interrompu en son milieu 
par une ligne tracée au cutter
comme pour simultanément 
évoquer et annuler 
l’idée de la mort 







Tuttle utilise la peinture de façon parcimonieuse 
alternant espaces peints et non peints
La vie et le vide coexistent
Absorbée par le polystyrène 
l’acrylique aqueuse se matifie
s’aquarellise et s’écoule
dans les alvéoles

La structure en bulle 
donne une respiration à la peinture 
plus efficace que les précédents supports 
en bois clair utilisés par l’artiste

Les traits décollent du mur
Pas sous forme de sculpture 
mais plutôt de peinture libérée 
des lourdeurs d’un support

Étonnant que ce soit le polystyrène 
qui opère ce miracle



Roshan Di Puppo